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Monday, March 30, 2015

Problématique d’accès aux soins de santé en Haïti : expériences et prise de conscience

Avec quelques collègues, j’étais en mission dans la commune de Jacmel cette belle commune touristique du Département du Sud-est. Lors de notre périple, il était question d’une visite de prospection sur la situation de la commune et ses sections communales. Un matin de très tôt pendant que le soleil se préparait à envahir le zénith des mornes dénudées et mouillées de sa chaleur humide, mon équipe s’est mis en route pour explorer la neuvième section communale Coq-Chante à hauteur de morne Lefèvre en projetant de nous rendre à Marbiale le lendemain midi. La route conduisant  à cette section communale était relativement sinueuse avec une chaussée rocailleuse et boueuse par moments mais le climat était pour le moins plaisant et agréable dans l’environnement humide des champs de légumes et de maïs. Après avoir capté au moyen d’un GPS gramin loué pour la circonstance, les repères géo référencés et les informations relatives aux minimums équipements (administratifs, éducatifs ou sanitaires)  existants le temps était venu pour nous de prendre le chemin du retour et soudain survint une panne de pneu que nous réservait une pierre pas trop hospitalier et aiguisée comme une flèche intrépide. Comme notre chauffeur était assez expérimenté à parcourir ces lieux difficiles, d’un tour de main a pu échanger le pneu endommagé avec tout le stress d’en attraper une autre panne sur la route du retour.   
Pendant qu’on s’apprêtait à reprendre notre chemin et quitter ce lieu à notre avis maudit, l’un des collègues aperçut de loin quatre personnes qui nous faisaient de la main, un signe de nous arrêter. Beaucoup plus par curiosité que par compassion, on a ralenti le pickup double cabine pour entendre ce qu’ils avaient à nous dire. Et là, une femme avec des douleurs de l’enfantement en état semble-t-il de complication supportée par son mari, son beau-frère et sa mère portant une cuvette en plastique, des draps et un oreiller. Le mari de nous demander si nous ne pourrions pas leur déposer à l’hôpital Saint Michel de Jacmel par ce que la femme sage les a référé à l’hôpital,  alors qu’ils ne connaissaient même pas quelle a été notre destination en fait.
C’est interdit de transporter des inconnus à bord d’un véhicule de mission, mais on ne pourrait pas ne pas répondre à ce devoir humanitaire. En installant les personnes, je poussais ma curiosité pour leur demander où ils habitaient et au beau-frère de la souffrante de nous pointer du doigt, la direction d’où ils marchaient depuis l’aube pour arriver au point de notre rencontre, et le concept dèyè mòn gen mòn me revenait brusquement aussi bien qu’un sentiment de culpabilité étrange de citadin. Comme la dame souffrait de plus en plus atrocement, on s’était empressé de reprendre la route vers la ville.  Etant impatient d’y arriver, on s’est réellement rendu compte qu’on n’était pas du tout près de la ville alors que l’endroit où l’on avait rencontrés ces malheureux faisait à peine la moitié du chemin qu’ils devaient parcourir à pied pour atteindre l’hôpital le plus proche au chef-lieu d’un département. Une fois arrivés nous avions dû aller négocier avec nos badges de fonctionnaires, son admission à l’hôpital, car disait-on, le personnel était en réunion puisqu’ils étaient en pleine période de grève.
Une autre visite m’a conduit récemment encore avec des collègues dans le Nord-Ouest. Là encore, on allait vivre un spectacle tout aussi navrant. Un autre malheureux paysan accompagnait sa femme à un hôpital privé dans la commune de Port-de-Paix a vécu un drame qui a laissé dans la consternation non seulement la famille, mais tout individu ayant pris connaissance de la tragédie.
En effet, la pauvre dame a été emmenée par son mari, son père et d’autres membres de la famille en provenance d’une section communale de Gros-Morne (département de l’Artibonite) pour un accouchement.  Après une césarienne dans une salle dite privée mais sous-équipée comme c’est le cas pour l’hôpital également. Elle succombe par indisponibilité de sang dit-on. Car, la pauvre femme n’avait que 3 grammes de sang  avant l’opération et que l’hôpital (privée) n’en disposait pas. Pis est, après le décès constaté de l’infortunée mère,  l’hôpital a confisqué son cadavre pour deux jours parce que les parents à court d’argent à cause des dépenses supplémentaires, n’arrivaient pas  encore à payer la dette d’internat de la défunte. Pourtant, dans un pays où la loi était appliquée, l’hôpital devrait faire l’objet d’une enquête judiciaire.
Voilà, au vingt et unième siècle, les conditions sanitaires auxquelles sont soumis les Haïtiens et plus particulièrement en matière santé materno-infantile. En 2012 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait à 350 le nombre décès maternels/100 000 naissances vivantes en Haïti. Selon UNICEF, le taux de mortalité infantile et maternelle en Haïti  demeure très élevé à comparer aux autres pays de la Caraïbes et de l’Amérique latine. Il est vrai que ces derniers temps, on voit un effort de construire des infrastructures de santé à travers le pays, mais qu’en est-il de leur localisation par rapport à la population à desservir, du personnel médical, de la qualité des soins et de l’accès aux médicaments adéquats ?
Actuellement, tout se joue dans mon pays sur la lutte pour le pouvoir. Mais, le pouvoir pourquoi faire ? Servir ou s’enrichir au détriment de la précarité des conditions de vie de la population.  A l’heure des prochaines élections voilà autant de questions qu’on devrait adresser à ces prétendants qui se bousculent, qui vont s’entre-tuer pour accéder au pouvoir. Savent-ils que seulement environ 2% du budget national est alloué aux soins de santé ? et d’où proviennent les sources de financement ?
Et à nous amis lecteurs, une question : si ces personnes étaient vraiment conscientes et soucieuses des problèmes de ces 27,550 km2 de territoire,  pensez-vous qu’ils seraient aussi nombreux et enthousiastes à vouloir concourir aux postes électifs ?  


Duverna Rigaud

2 comments:

  1. Je dirais que si quelqu’un (e) a vraiment l’intention, ou le desir d’etre utile et servir la communauté, il ou elle n’a pas besoin d’etre president (e) pour le faire. En ce qui a trait a l’administration d’un pays on comprend qu’il y a un niveau qu’un simple citoyen ne peut pas atteindre, ou des barrières qu’il ne peut pas franchir, mais d’un autre cote s’il veut vraiment aider il peut commencer par des petits projets qui feront surement un grand impact a la communaute. En ce qui a trait aux problemes que vous mentionnez dans votre article, c’est lamentable et douloureux d’entendre et de constater la manière dont nos frères et sœurs sont victimes de la mauvaise gouvernance, l’ignorance, l’incapacité et peut etre le manque d’humanité de certains dirigeants de notre pays. Les problemes sont devenus trop compliques, ils sont loin d’être résolu parce que par exemple, dans les grandes villes PAP, Cayes, Jacmel, etc… les gens habitent trop prêts et il se pose la question de surpopulation. Au contraire a la campagne les gens sont trop éloignes ils ne peuvent pas créer une communate et y avoir en meme temps des services qui peuvent repondre a leur besoin. Tenant compte de la problématique il faut que les gouvernants pensent d’un plan d’ enménagement du territoire, en apprenant aux gens de vivre en communauté, ou il serait plus facile pour l’etat ou n’importe quel citoyen qui veut apporter son aide ou les services nécessaires au bien-être de la population et a la portée de tous.

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    1. Thanks for the comment,I really appreciate,do not hesitate to contact us for a publication.

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